Personnellement, j’ai été très surpris de la décision politique de rallumer les éclairages publics en prétendant lutter contre l’insécurité. Je n’ai pas reçu l’information qui « m’éclairait » sur les faits qui allaient disparaitre grâce à cette mesure prise sur l’entièreté du territoire. Je n’ai pas entendu en quoi cette décision résultait de consultations citoyennes, associatives.
’Par contre, je mesure l’impact sur le budget de la commune. C’est un montant énorme qui était économisé. 400.000€ pour Tournai.
C’est aussi un gaspillage de ressources naturelles, une source de CO2.
Mais il y a des effets négatifs moins visibles pour nous, parce qu’ils touchent ceux qui vivent la nuit.
Ces lumières nocturnes ont un impact négatif sur l’équilibre de la faune et aussi sur la biodiversité.
Et il faut se rappeler que la biodiversité, nous en avons besoin pour régler d’autres problèmes. Quand nous nous y intéressons, nous découvrons que chaque maillon à son rôle et son importance même la nuit. Le directeur du Parc naturel des plaines de l’Escaut, Reinold Leplat, l’explique très bien.
Une mission d’éducation pour nos écoles. Une de plus 😉
Et pour revenir à nos routes dans le noir. J’ai expérimenté les routes la nuit à vélo. J’ai changé mes lampes pour des plus puissantes. Mon sentiment d’insécurité ne vient pas du noir, mais bien des conducteurs alcoolisés et des excités de la pédale. Et nos smartphones viennent à notre secours lorsqu’il le faut.
C’est là qu’il faut faire attention, nous ne pouvons pas seulement analyser sur base de notre vécu personnel, il faut avoir une représentation plus large, des points de vue différents, il faut analyser pour pouvoir trouver des solutions qui répondront à toutes les préoccupations, aux différents aspects à prendre en compte.
L’autre risque particulièrement pour le monde politique, c’est de devoir réagir rapidement à l’énoncé d’insatisfaction par une personne croisée pour montrer que l’on sert à quelque chose, que l’on fait partie du « pouvoir communal ».
Il manque une cartographie partagée des sentiments d’insécurités à croiser avec celle des faits constatés. Elle fera apparaitre les zones à risque et les types de risque. Ce qui permet de définir des réponses adaptées par zone. Là par l’éclairage, là par des caméras, là par une présence sur le terrain, là par un aménagement des lieux…
Sinon, nous avons l’illusion que le problème est réglé par une mesure indistincte alors que nous en créons d’autres.
L’approche par cartographie est particulièrement indiquée pour ce qui est de la vie sur un territoire. Elle sera d’autant plus riche que l’on confrontera, on combinera des cartographies subjectives (comme le ressent la population, et/ou comme la désirerait la population) avec les données froides: les statistiques. Même si des problématiques se retrouvent dans de nombreuses communes, territoires, elles s’expriment toujours de manière spécifique. Ne pas en tenir compte sera toujours coûteux et insatisfaisant. Le « sur mesure » reste la seule approche efficiente.
Et comme créer des cartographies subjectives avec la population nécessite de créer des trajets animés, des espaces de débats, il y a autre chose qui s’installe: une augmentation de la citoyenneté et des liens sociaux, les ferments du bien vivre ensemble.
Ce sont des démarches lentes, mais elles vont plus loin.