D’après L’Echo, pour ce qui est des faits criminels, Tournai est dans la moyenne belge, mais avec une réduction de -5,7%de 2018 à 2023. Par 10.000 habitants.
Certains disent que c’est parce que beaucoup ne déclarent pas à la police les faits dont ils sont victimes. C’est un élément non vérifiable, mais qui n’est alors pas réservé à Tournai. C’est sans doute aussi le cas ailleurs.
Mais d’accord, il faudrait arriver à baisser encore plus ces faits. Mais est-ce le plus important? Quelle forêt cache l’arbre?
Il y a quelques semaines, je regardais les statistiques fournies par la Région wallonne sur différents points. Je cherchais la carte des pollutions de l’air quand je suis tombé sur celle des pesticides dans l’eau souterraine. Et je retrouvais Tournai dans une des zones les plus contaminées de Wallonie.
Il me semble avoir vu dans un programme électoral tournaisien qu’il voulait soutenir les agriculteurs par le maintien des pesticides. Plutôt surprenant de dire d’un côté lutter contre les Pfas et de l’autre vouloir maintenir l’utilisation des pesticides alors que nous sommes dans une région où les eaux souterraines sont les plus polluées par les pesticides. Est-ce croire que ceux-ci sont sans effets sur la santé?
Je suis sidéré que des politiques supposés protéger la population dans son ensemble, choisissent de protéger un type d’agriculture dont on sait les dangers plutôt que d’encourager à une mutation rapide de celle-ci, et dont les agriculteurs devraient-être les premiers bénéficiaires. Ils sont souvent les premiers contaminés et les premiers prisonniers d’un mode de production lié à des endettements énormes.
Si les pesticides sont dangereux pour l’homme, ils le sont encore davantage pour la biodiversité dont nous dépendons aussi de manière vitale. Le directeur du parc régional des plaines de l’Escaut qui m’éclairait récemment sur ce point. Nous devrions nous en préoccuper encore plus rapidement que des dérèglements climatiques. Et ce n’est pas mes colistiers Ecolo agriculteurs qui diront le contraire.
Nous avons la chance à Tournai de pouvoir compter sur des projets comme la ceinture alimentaire. Et sur une série d’agriculteurs conscients des enjeux qui assument une reconversion depuis des années. Il faut continuer à les soutenir pour qu’ils puissent faire face à des dérèglements climatiques de plus en plus violents. Et les remercier pour cette conversion dont la collectivité bénéficie.
Une autre statistique m’a surpris parmi les données de la province de Hainaut.
Tournai a un plus haut taux de mortalité chez les hommes de moins de 65 ans que dans la province, mais surtout que de Wallonie et de Belgique. Les causes environnementales en sont certainement pour quelque chose.
Territoire | Mortalité Totale | Mortalité prématurée (<65 ans) | ||
Hommes Femmes | Hommes Femmes | |||
Tournai | 99,0 | 91,1 | 107,3 | 97,5 |
Hainaut | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
Wallonie | 91,7 | 96,3 | 86,3 | 90,8 |
Belgique | 78,3 | 85,8 | 66,0 | 73,5 |
Je reviens encore avec des statistiques. Le grand classique des statistiques: la pyramide des âges.
La pyramide tournaisienne est inquiétante. Nous voyons la population diminuer dès la tranche des 60 à 64 ans. Mais d’une manière où la base ne s’élargit pas du tout (comme le fait une classique avec l’effet baby-boom de l’après-guerre). C’est une commune de vieillards qui s’annonce et avec une accélération de la baisse de la population. (Et certains voudraient se priver des exilés qui souhaitent s’investir durablement chez nous pour contribuer à la vie de notre commune.)
Et si j’ajoute encore (toujours selon la province):
Le taux de création d’entreprises à Tournai en 2021 est de 8,5 %. Le taux de création est moins élevé que ceux du Hainaut (9,7 %), de la Wallonie (9,4 %) et de la Belgique (10,5 %).
Le taux de cessation est quant à lui de 6,4 % à Tournai, soit supérieur à ceux du Hainaut (6,1 %) et de la Wallonie (5,9 %) et similaire à celui de la Belgique (6,5 %).
Un autre chiffre significatif relevé par le quotidien l’Echo conditionne sans doute la capacité d’investir dans de nouveaux projets
Dette annuelle communale / habitant 2.669€ +46,3% de 2018 à 2022.
La dette s’explique par les gros investissements lancés par la majorité précédente: Tournai Expo, Piscine, Maison de la Culture… Mais aussi par des chantiers de rénovation énergétique (qui doivent diminuer les charges de dépense courante) et des aménagements de voirie notamment pour les usagers faibles.
La question est de savoir quelles sont les capacités restantes pour de nouveaux projets et de faire face aux défis du futur
La commune n’est pas la seule à s’endetter. Les Tournaisiens sont nombreux à ne pas savoir rembourser leurs crédits. C’est un autre indicateur.
Qu’on ne se méprenne pas, je ne veux pas prétendre tout savoir, avoir tout analysé et avoir les solutions. Je suis juste inquiet du niveau des débats électoraux face à une situation bien plus complexe que ce qu’on laisse voir. Et je pense qu’il y a d’autres données à mettre en évidence et à relier.
Je reviens une fois de plus sur le fait qu’il y a un énorme défi à sortir des visions simplistes sur les moyens à mettre en œuvre pour contrecarrer ces différentes tendances. Ce n’est pas d’un shérif (sorry, cette rhétorique du shérif est inacceptable au niveau de la fonction et m’agace) que Tournai a besoin, mais de personnalités capables de rassembler tous les acteurs autour de ces défis, de rassembler toutes les compétences autour d’un projet fort, mobilisateur attractif orienté vers la jeunesse.
A Tournai, Ecolo peut jouer « l’équipe » dans une coalition, contribuer à fédérer, activer l’intelligence collective, comme nous jouons déjà équipe en interne. Et il faudra jouer aussi en équipe avec la population sans quoi le fossé entre la population et le politique grandira encore plus et surtout les problèmes amplifieront.
De non côté, j’insisterai pour que nous disposions à Tournai d’un tableau de bord public de la santé de Tournai avec son volet prospectif et une version dite « Pour les nuls » car il faut le rendre accessible.