Les grenouilles et la casserole

S’impose toujours pour moi l’image de la casserole et de la grenouille.
Si une grenouille saute dans une casserole d’eau chaude, elle en ressort d’un bond.
Si elle saute dans une casserole d’eau froide, elle y reste. Si l’eau chauffe lentement, elle y trouvera un certain confort puis supportera un inconfort dont elle attendra qu’il diminue et à force d’attendre, elle mourra cuite.

Screenshot

Rassurez-vous, je ne l’ai pas expérimenté. Mais par contre, je me sens grenouille parmi des milliers de grenouilles dans une marmite qui fume déjà. Pourtant tous les signes sont là, on les connait, on les mesure, on en discute, on planifie certaines intentions, on espère des solutions scientifiques. Mais il faut le reconnaitre, nous ne sommes pas prêts à tous les changements radicaux nécessaires à sauver l’ensemble des grenouilles. Dans d’autres régions de la planète, des grenouilles agonisent! Et de plus en plus proches sont les événements dévastateurs qui signaleront que nous sortons trop tard de la torpeur de la casserole.

Et là je sens une colère monter vis-à-vis d’une large partie du monde politique obsédé par sa course pour le pouvoir alors qu’il devrait se placer en protecteur de la population et essayer de sauver les grenouilles plutôt que de les convaincre que la température de l’eau va baisser et que finalement un bain chaud c’est mieux qu’un froid.

J’avoue ne pas comprendre, il suffit de multiplier les sources, de croiser les infos pour se rendre compte qu’il y a péril en la demeure et que nous avons presque tout faux dans les modèles que nous développons depuis un siècle et plus encore depuis un demi-siècle. Avant, nous pouvions encore plaider que nous ne savions pas.

Et plus je lit plus j’écoute, plus je comprends la complexité de la situation et a quel point tout est lié. Je dois beaucoup au travail très intelligent du journaliste climat du journal Le Monde, qui a chaque fois creuse le sujet avec des spécialistes de domaines différents, mais qui tous sont inquiets de ne pas voir le monde politique de l’opportunité du moment pour amorcer une autre direction parce que pour beaucoup il est tout juste encore temps pour ne pas rendre la planète invivable.

Et il faut décliner la question à tous les niveaux de l’action politique. Mais le niveau qui sera le plus impacté sera le local. Et au moment des phénomènes extrêmes du climat, c’est trop tard, il y a toujours des victimes.

Michel Leclercq agriculteur qui est sur la liste Ecolo explique pourquoi passer au bio est une évidence et tous les bénéfices qui en découlent, il me disait aussi avoir pris la mesure de l’insuffisance de la transition face à l’amplitude nouvelle des dérèglements climatiques. Même s’il les vit moins difficilement que ses voisins qui continuent l’agriculture traditionnelle, l’année 2024 aura été très dure. Parce qu’aux conséquences des pluies, s’est ajoutée la maladie de la langue bleue véhiculée par une petite mouche importée par le commerce mondial.