L’Etat doit-il subvenir à tous nos désirs?

Certaines discussions autour du programme politique me questionnent.

Les souhaits des citoyens doivent être réalisés.

Après l’enfant roi, le citoyen roi! c’est le risque du populisme, mais on sait qu’au final, le résultat est dangereux pour le bien collectif.

L’erreur est de vouloir écouter les souhaits plutôt que de discuter des insatisfactions. Au départ, individuelles pour se centrer ensuite sur celles qui sont partagées et d’entrer dans leur analyse.
Et comme toujours, c’est l’analyse nourrie par le croisement de points de vue différents de compétences différentes qui fera naitre des projets novateurs.

Je peux prendre deux exemples qui sont repris dans notre programme, et qui me chipotent parce qu’ils relèvent de la culture et que j’ai été régulièrement été confronté à ce type de demande. Certains veulent un calendrier des activités culturelles et festives de la commune, d’autres une salle de concert.

Des demandes qui, sous leur apparente simplicité, renvoient à des complexités méthodologiques et des gestions financières pas évidentes.

L’agenda culturel a déjà connu des tentatives nombreuses tant du public que du privé et même du privé subventionné.
Déjà chacun d’entre nous a ses canaux d’infos propres, les codes ne sont pas les mêmes.
Les délais de communication ne sont pas les mêmes, surtout avec l’associatif.
L’Agence Culturelle du Hainaut occidental (ACHO) avait mis sur pied un site avec un agenda ouvert à chaque organisateur. Il faut prévoir quelqu’un qui pas courir après chaque organisateur pour avoir l’info à temps. Ceux qui ont le plus facile à renter dans le jeu ce sont les grosses machines bien huilées qui ont leur équipe de comm et des moyens propres. Et maintenant, il y a facebook qui parle de tout et finalement peut-être de rien.

Et du côté de l’utilisateur potentiel, il a souvent ses propres canaux et ne pense pas à se renseigner à une même et unique source. Une piste qui permet de rencontrer d’autres objectifs: c’est de former de manière générale à la recherche de l’information. Et là on gagne sur plusieurs terrains. Mais évidemment, c’est moins sexy que de promettre un organe de communication de tous les plaisirs et loisirs.

La salle de concert demandée par les jeunes, une demande qui fait long feu.
La dernière tentative était de la prévoir dans Tournai Expo. Un projet abandonné en raison de son coût. Un abandon qui m’a rassuré et pas parce que j’habite à côté. C’était un coût important pour une taille de salle ingérable et difficilement viable. Rien que l’agenda concert aurait été en conflit permanent avec les salons accueillis. Sans compter les problèmes de mobilité qui n’ont toujours pas été réglés.
Il faut un ratio entre ce qu’on veut programmer et le nombre de sièges. Et s’il faut s’en remettre aux tourneurs aux agents, Lille rapporte plus. Et pour de plus petites et moyennes formes, la Maison de la culture convient bien. C’est là qu’il faut ouvrir les portes et activer cette partie de leur mission comme centre culturel.

L’idée de créer un conseil participatif des jeunes et de lancer un appel à projets avec à la clef un budget participatif est très intéressante. Mais son intérêt résidera dans la méthodologie appliquée*. L’objectif doit être de faire en sorte que les jeunes se mobilisent, pas d’apporter un truc tout fait prêt à consommer. C’est dans le trajet de conception et réalisation que l’on apprend le plus.
Les budgets participatifs sont là pour développer de la citoyenneté active.
Faire avec et surtout pas faire pour, surtout si on veut dynamiser la vie associative de demain.

*Il y a une méthodologie adéquate, celle du « projet selon le collectif Le Grain ». Il y a une quarantaine d’années à l’époque de Jacques Hennot, le Foyer culturel d’Antoing en était un centre d’expertise et de formation.