Cette campagne électorale a pris une place importante et croissante chez ceux qui l’ont vécue. Puis tout se fige comme certaines files devant les bureaux de vote. Tout est joué.
Pour certains, c’est le moment d’être témoin dans un bureau de dépouillement. J’avoue que c’est un moment que j’apprécie et que j’ai vécu 6 ou 7 fois. Un huis clos, une petite dizaine de personnes qui ne se connaissent pas qui vont s’atteler à une tâche un peu basique: compter des bulletins, mais hautement symbolique puisque c’est un des fondements de la démocratie, des citoyens qui comptent et des citoyens qui vérifient. J’ai toujours une pensée pour les pays qui vivent dans des systèmes autoritaires et qui n’ont pas cette chance. Un temps en groupe d’une longueur suffisante pour que les personnalités de chacun émergent et que le dépit de certains d’avoir été convoqué fasse place à une curiosité pour ce temps particulier et des échanges improbables.
Cette fois, gros changement, l’apparition d’ordinateurs pour le comptage. Fini les tas de bulletins par parti, fini le « tout le monde au travail » place à « témoins de partis, surtout ne touchez à rien ». On sent dans la raideur des présidents le stress de cette nouvelle formule qui vient rompre les habitudes.
Une des missions officieuses des témoins, c’est de faire percoler les tendances et si possible les résultats vers leurs états-majors (terme choisi pour l’ambiance particulière de la caserne qui nous accueille). Difficile tâche, les bulletins sont encodés, un à un. Il faut un certain moment pour se rendre compte que les tendances sont affichées sur l’ordi de contrôle.
Globalement, je suis rassuré par le dispositif des ordinateurs pour une fois bien conçu, tout en regrettant les classements manuels plus conviviaux et moins harassants que l’encodage tactile pour ceux qui l’ont assuré pendant 4 heures.
Les échanges se sont intensifiés entre témoins de partis différents réduits à l’inactivité, dans mon cas plutôt cordiaux et bienveillants.
Puis retour au QG d’Ecolo dans l’attente des nouvelles des négociations entre partis.
Il y a eu des contacts préalables avec les différents partis pour échanger sur les programmes, chercher les convergences possibles et envisager toutes les coalitions possibles. C’est une phase dont il faut mesurer l’importance, car elle éclaire sur les ouvertures et les portes fermées. La position d’Ecolo était de garder toutes les portes ouvertes.
Il y a 10 jours nous avons eu une AG qui a défini de manière collégiale les différentes balises que devraient suivre les négociateurs désignés. Elle tenait compte des contacts pris et envisageait différents types de résultats électoraux.
Il y avait consensus: pas d’exclusive, la prise en compte du résultat des élections, les perspectives de convergence. Avec une option de base: être en majorité pour continuer le travail si la déroute n’était pas complète. Il y avait un sentiment partagé que notre partenaire actuel était déjà passé dans une autre majorité et les échanges avaient été très limités. Les contenus de leur campagne ne passaient pas bien parce que peu respectueux. Le bilan d’une majorité n’appartient pas à un seul partenaire.
Vu les résultats de ce dimanche, Ecolo n’était pas en état de prendre des initiatives et se préparait à être dans l’opposition.
Le PS avait dit ne pas avoir besoin d’Ecolo mais d’un parti aux manettes à la région et au fédéral. Le rejet du MR par le PS était connu et dû au conflit Delannois/Marghem.
Une longue soirée
Les négociations ont commencé entre le PS et Les Engagés sur base d’un accord préélectoral secret même si on s’en doutait.
Ecolo n’étant pas invité à y participer, c’était l’opposition pour Ecolo avec la perspective de voir abandonnés des chantiers entamés.
Les négociations se sont rompues entre PS et Engagés sans qu’Ecolo n’ait été invité.
Tant les Engagés que le MR sont revenus à plusieurs reprises au cours de la soirée vers Ecolo pour discuter d’une coalition sur base des convergences envisagées précédemment. La porte a été ouverte à ces négociations, tout en sachant qu’Ecolo devait être en capacité de mener des projets dans le rapport de force. Cela a été le cas. Ce n’est qu’alors que le PS a voulu proposer une tripartite à Ecolo.
De mon point de vue, la responsabilité du résultat de ces négociations est bien dans le chef du bourgmestre sortant. Plus respectueux du travail fait par Ecolo lors de la législative, il aurait pu éviter certains dérapages dans sa com et associer Ecolo dans sa négociation avec les Engagés. Mais il comptait se passer d’Ecolo et éviter de devoir se séparer de mandats dans une tripartite à laquelle il savait que nous ne participerions pas pour un seul mandat. Il a encore cru pouvoir convaincre les engagés à une bipartite à 22 sièges, là où ceux-ci en voulaient 23 minimum. Et pour les Engagés sans doute que les rapports de force leur sont plus favorables dans la tripartite avec le MR et Ecolo. Ici aucun parti n’a la majorité seul, le MR a tout juste 50%.
Cela me rappelle un homme politique bien en vue qui disait que la politique, c’était une question de mathématiques. Heureusement ce n’est pas que cela, mais cela fait comprendre que si on ne prend que cet aspect en compte, on s’éloigne d’un certain nombre de choses et sans doute aussi du citoyen.
Il faudra donc revenir sur l’important: les projets pour Tournai et les Tournaisiens.
Personnellement l’idée de faire alliance avec les partis qui vont s’attaquer à bien des choses au niveau de la RW et fédéral sans oublier la FWB, n’était pas facile. Mais au niveau local, nous vivons en proximité les uns avec les autres et en proximité avec ce que vivent les habitants.
Ce que j’ai eu l’occasion d’observer de l’exercice du pouvoir (politique ou dans les organisations), c’est qu’il devient moins démocratique lorsqu’il reste dans les mêmes mains des décennies et il favorise l’émergence de mauvaises pratiques. Il y a rarement une amélioration de la gouvernance. Et la volonté de rester au pouvoir favorise aussi les excès (clientélisme, populisme…).
Ceci pour dire qu’une alternance de temps en temps est de nature à redynamiser la démocratie. Même s’il ne faut pas s’en contenter.
Nous sommes bien conscients qu’il faudra prendre sa place comme force de gauche au sein d’une coalition de droite, même s’il faut nuancer cette vision en prenant en compte les composantes réelles de ces listes communales, plus nuancées que leurs bannières ne l’annoncent. La dynamique de cette tripartite sera sans doute plus forte.
Elle est intéressante parce qu’elle ouvre à la possibilité de projets portés collectivement plutôt que chacun pour soi, comme pendant cette législature.
Je pense que l’on peut faire confiance à Coralie, notre chef de file dont tout le monde apprécie la fibre sociale, pour garder une attention de tous les instants pour les plus faibles.
Pour Ecolo Tournai, ce sera aussi l’occasion d’une remise en question. Même si à Tournai, nous avons bien résisté par rapport à ailleurs, il y a du boulot. Et il va falloir réparer la confiance de ceux qui ne digèrent pas l’alliance avec le MR et la future bourgmestre.
Ce n’est pas le pouvoir pour le pouvoir qui compte, mais de réveiller tout le monde sur l’urgence de changer de manière importante certains de nos modes de vie, surtout si on veut protéger la vie. Le respect du vivant, comme le rappelle souvent Michel Leclerc.
Les défis de la prochaine législative sont énormes. J’espère que toutes les parties en présence en seront conscientes et mettront en œuvre les dynamiques nécessaires.
Au sein d’Ecolo, je vais m’y atteler et continuer à nourrir la réflexion, dynamiser l’équipe et soutenir les mandataires que nous désignerons prochainement.
Je m’y attellerai d’autant plus que vous avez été nombreux à me faire confiance.
315, je n’en reviens pas. Sacrée responsabilité que vous me mettez sur les épaules.
Merci.
A bientôt