Voilà trois semaines que je produis du contenu sur mon site, FB et Insta dans le cadre de la campagne électorale. Je pensais m’arrêter après les élections.
J’ai toujours un peu de mal à m’y retrouver et mes articles sont comme des bouteilles à la mer. De temps en temps, je vois que certains en repêchent et d’autres les lancent dans d’autres eaux. Une vision plus poétique de cet outil infernal pour moi.
Vu un certain déchaînement d’avis souvent tranchés autour de ce qui était présenté comme une décision d’Ecolo de mettre le PS dans l’opposition, je me dis que j’ai peut-être intérêt à continuer de jeter quelques bouteilles dans cette mer agitée pour tenter de la calmer un peu comme l’a apparemment fait mon article précédent « Remercier et expliquer, surtout expliquer ! ». Et c’est vrai que je suis très surpris de l’impact de mon dernier article et du nombre de réactions positives, peut-être ne devrais pas arrêter trop vite. Dans une société de plus en plus émotionnelle et réactive, je préfère faire appel à la raison et aider à prendre du recul.
Au lendemain des élections, j’ai eu un peu l’impression de me retrouver comme les joueurs de l’équipe nationale ou l’entraineur pris à parti par leurs supporters parce que le match ne s’est pas déroulé comme voulu.
Il y a un an ou deux, moi aussi j’étais dans mon canapé à critiquer le jeu du monde politique. Maintenant que je suis sur le terrain de la politique locale, mon point de vue change. Je sens la rudesse du terrain, l’odeur des affiches, parfois mon manque de souffle tant le terrain est vaste, ce besoin d’être tout le temps attentif à mes colistiers, la difficulté d’avoir une vue d’ensemble. Mais je découvre ce que c’est que d’être au cœur du jeu, d’intégrer ses principes, les règles du jeu si on veut agir concrètement et ne pas rester sur les bancs (complexes comme les hors-jeux que je ne vois jamais, il faut l’entrainement) et aussi plus compliqué: le fairplay qui a tendance à faire place à « tous les moyens sont bons » de certaines équipes qui ont perdu le respect des autres.
Et si on échoue, il faut apprendre de ses erreurs. Invectiver l’adversaire ne rendra jamais notre jeu meilleur.
Ce que je trouve toujours génial avec le foot, c’est d’écouter le panel de spécialistes dont d’anciens joueurs à la mi-temps et à la fin du match. Ils vont éclairer le match sur le plan technique, éclairer les stratégies et ce avec des points de vue différents. Il y aura aussi les interviews des joueurs et de l’entraineur… Cela aide à sortir des émotions et revenir sur les qualités du jeu et sur son sens.
Et je suis un peu rassuré au fil des jours de lire et d’entendre des citoyens, des journalistes et des experts de la vie politique réexpliquer le sens de la démocratie.
J’ai évidemment été beaucoup interpellé sur la position prise par Ecolo, par des amis de gauche, ne comprenant pas une alliance avec le MR. Evidemment à cause de son programme au niveau régional, communautaire et bientôt fédéral, mais aussi surtout à cause de son président dont le style est très clivant, sans oublier celui de la future bourgmestre.
Ecolo Tournai ne pouvait pas prendre position uniquement en fonction des personnalités des dirigeants, mais d’abord en fonction de ses objectifs pour faire avancer la cause écologiste.
Etre dans l’opposition, sans capacité d’agir était la pire des choses à faire alors que tous les experts parlent de 2030 comme date symbolique de l’urgence en matière de réduction pour limiter les effets de serre, la production de CO2, la perte de biodiversité, la dérèglement climatique. Même si certains pensent que tous les partis s’en préoccupent, il en faut un dont c’est la priorité pour qu’on ne traine pas dans les changements qui reportés, couteront toujours plus cher et seront plus difficiles. Et la tendance est au dénis général. Le court-termisme politique, est-ce une fatalité?
Et si on se revendique d’être progressiste, le respect de l’autre qui ne pense pas comme nous, qui ne s’exprime pas comme nous, qui n’utilise pas les mêmes moyens, doit rester entier pour pouvoir travailler avec lui et faire évoluer positivement les positions de tous notamment sur le plan écologique.
Et si je comprends qu’on puisse ne pas aimer une personnalité politique d’un parti, elle n’est pas tous ses membres. Au niveau communal, les militants, les candidats sont des voisins des connaissances, souvent guidés par la même motivation de faire progresser positivement la ville même s’il y a parfois des positionnements corporatistes. Chacun mérite le respect. Sans celui-ci, nous contribuons à dégouter de la politique ou à nourrir ses défauts et à diviser.
Etablir une majorité par des coalitions, je crois que beaucoup de gens commencent à comprendre que c’est d’abord une question mathématique inhérente à notre système démocratique. Il y a une série de combinaisons possibles, et il faut qu’il y ait des convergences possibles, sinon une coalition ne tient pas. il faut aussi un rapport de forces équilibré. Celui qui n’a qu’un échevinat sur neuf sait qu’il ne sera que rarement entendu et il est rarement indispensable.
Ce qui restera une question pour moi, c’est le pourquoi de l’échec du bourgmestre sortant dans sa négociation avec les Engagés, alors qu’un accord secret avait été négocié et signé un mois avant les élections. Alors qu’avec 22 sièges, la majorité leur était acquise.
L’invitation faite aux écolos en fin de soirée, au moment où il comprend que la partie est perdue avec les Engagés, arrive trop tard et ne devait doute servir que d’ultime levier pour forcer le retour des Engagés. Et croyez-vous que le PS se serait mis en minorité au collège en accordant 3 sièges aux Engagés et 2 aux Ecolos?
Au final, cette coalition, ce sont plusieurs facteurs qui l’ont favorisée: la stratégie d’un parti majoritaire au pouvoir depuis très ou trop longtemps, des exclusives sur les personnes, l’absence d’une réciprocité de loyauté au sein de la majorité précédente, le retour des Engagés comme force politique du centre, le recul très net des Ecolos dont le mandat de négociation était clair, discuté et défini en assemblée générale ouverte…
Au-delà de ces éléments, j’ai envie de revenir sur les chiffres suivants assez préoccupants: entre 2018 et 2024, 1392 personnes en plus ne se sont pas rendues dans les bureaux (total 84% de participation, 2% de participation en moins en 6 ans), et s’il y a eu 500 votes nuls et blancs en moins, il y en avait quand même 3.000.
Donc un total de 11.000 personnes, plus d’un cinquième de la population qui devait voter et qu’il faudrait réconcilier avec la politique. Un nombre qui augmentera, s’il n’y a pas un gros travail qui est mené sur ce plan par tous les partis. Un objectif démocratique prioritaire.